À l’approche du 1er janvier qui marque le Nouvel An du calendrier grégorien, RFI part à la rencontre de communautés, à travers le monde, qui défend une manière singulière de célébrer le passage à la nouvelle année, parfois à des dates bien différentes. Au Canada, si la majorité des Premières Nations et des peuples Inuits fêteront Noël et le Nouvel An, de nombreux autochtones auront un lien avec d’autres événements astronomiques.
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De notre correspondant à Calgary,
Qu’est-ce que le Nouvel An ? Certains diront une occasion unique de faire la fête avec des amis, d’autres de retrouver de la famille. Il y a les paillettes, la musique, le champagne ou encore le décompte avant la nouvelle année. Mais le Nouvel An, c’est surtout célébrer une nouvelle année, une nouvelle révolution opérée par la Terre autour du Soleil.
Au Canada, tout le monde fêtera le Nouvel An. Mais cette tradition, qui s’est imposée aux peuples autochtones par la colonisation européenne, est loin d’être représentative des traditions astronomiques et du rapport au temps des premiers êtres humains à avoir peuplé le continent américain.
Un rapport mensuel au temps
À l’origine, pour la grande majorité des peuples autochtones, l’astre qui rythme principalement le temps était la Lune, pas le Soleil, rappelle Raymond Hilding Neilson, médecin et membre d’une communauté Mi’kmaq dans le nord-est du Canada. « Chez les Mi’kmaq, chaque cours de la Lune a une signification et un objectif différent. Il ya une lune pour la cueillette des baies, une lune pour la chasse, une lune qui vous dit quand la glace va se briser… », développe le chercheur. En cette fin d’année, la lune est celle des aînés : un moment de contes et de célébration.
Le cas des Mi’kmaq est loin d’être isolé. La Lune est un astre central chez les peuples autochtones du Canada. Wilfred Buck, chercheur et gardien du savoir de la Nation crie d’Opaskwayak, situé dans le centre du Canada, explique ainsi sur le site de l’Agence spatiale canadienne : « Certains peuples indigènes suivaient un calendrier lunaire représenté sur le dos d’une carapace de tortue. La carapace d’une tortue comporte 28 petites cannelures extérieures, qui représentent le nombre de jours entre deux pleines lunes, et 13 grandes cannelures centrales, qui représentent les 13 cycles lunaires. ».
Plusieurs « Nouvel An »
Bien entendu, les peuples autochtones du Canada n’ont pas ignoré le Soleil. Ils avaient depuis des générations connaissance des solstices, ces moments astronomiques où le jour est le plus long, en été, et le plus court, en hiver. Leurs ancêtres connaissaient également le principe des équinoxes, lorsque le jour dure autant de temps que la nuit, au printemps et à l’automne.
Techniquement, une grande partie des peuples autochtones canadiens, ont ainsi de nombreux « Nouvel An », ces moments où l’on célèbre un événement astronomique, remarque malicieusement Raymond Hilding Neilson. Il y aura le Nouvel An imposé, mais aussi les solstices et les équinoxes. « Pour les équinoxes, un certain nombre de groupes et de peuples organisent une cérémonie du levier du soleil pour accueillir le soleil ces jour-là. Certains organisent un festin avec leur famille, c’est très communautaire. Mais cela varie beaucoup selon les peuples et les individus », résume le chercheur.
La connaissance de l’astronomie des peuples autochtones du Canada va bien plus loin que les équinoxes et les solstices. Ils ont leurs propres constellations, avec leurs propres histoires. Certaines se recoupent même avec des désignations européennes, comme l’histoire Mi’kmaq de « Muin », qui veut dire « Ours », située… dans la constellation de la Grande Ourse. La Voie lactée, pour les Mi’kmaq, est une sorte de route spirituelle où les gens vont lorsqu’ils meurent.
Inspirer la science
De nombreux peuples autochtones du Canada sont capables de prédire approximativement les éclipses, rappelle le chercheur : « La science occidentale les prédit en connaissant l’orbite de la Terre par rapport à la Lune et tout ce qui s’ensuit. Pour de nombreux peuples indigènes, c’est en grande partie grâce à une tradition orale qui s’étend sur plusieurs générations d’observations. ». En effet, comme les éclipses se répètent selon différents cycles, si vous avez une tradition orale suffisamment forte, vous pouvez prédire les éclipses.
Pour Raymond Hilding Neilson et de nombreux autres scientifiques, ces connaissances astronomiques peuvent inspirer les chercheurs. « Toutes ces histoires du ciel nocturne, des mouvements et de la relation entre la vie et la mort, c’est une manière de ne pas oublier comment nous devons utiliser l’astronomie et l’astrophysique pour soutenir nos communautés et l’humanité. », explique le docteur physicien d’origine Mi’kmaq.
Depuis quelques années, il voit d’un bon œil le retour aux traditions autochtones d’une partie des descendants de Premières Nations et d’Inuits, qui n’ont plus honte de célébrer certaines coutumes. « Il y aura toujours le calendrier occidental, il y aura toujours le GPS : je pense qu’à mesure que nous avançons, les peuples autochtones du Canada et des États-Unis renforceront leurs traditions, mais ne cesseront pas d’utiliser ces outils pour autant. », résume le médecin.
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