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Depuis Laura Rasoanaivo, jeune Malgache de 19 ans, enchaine les victoires : médaillée d’or à l’Open de Luanda début avril, double médaillée d’or à l’Open de Tunis en mars. Laura défendra son titre de championne d’Afrique junior, à domicile sur la Grande Île, en juillet prochain. Mais avant cela, les championnats du monde sénior attendant à Doha, mi-mai, la championne qui rêve de décrocher sa qualification pour les Jeux Olympiques de Paris.
De notre correspondant à Antananrivo,
Il est 8h ce jeudi 20 avril, au dojo du Judo Club Saint Michel. Après avoir réalisé une heure de course en fractionné, Laura Rasoanaivo enchaîne désormais les chutes sur le tatami, sous l’œil vigilant de son coach Mamy. Gainage lesté, puissance, explosivité.
Laura Rasoanaivo a 19 ans et elle est devenue le 11 avril dernier le numéro 1 mondiale junior en judo en moins de 70 kg, offrant à son pays pour la première fois de son histoire, tous sports confondus, une place de leader mondial.
La jeune femme au regard pétillant en amande, exécute les enchaînements, concentrée. « J’ai commencé le judo à 10 ans, c’était vraiment par curiosité. Je ne pensais pas aller loin. J’ai complètement aimé, et j’ai continué. Je suis constante, je suis réellement constante dans ce que je fais. Depuis 10 ans, je ne m’arrête pas jusqu’à maintenant. Je n’ai pas de pression du tout. »
« Laura sait ce qu’elle veut »
Mais ne vous y méprenez pas. Derrière son calme et sa douceur apparente, Laura Rasoanaivo est un véritable volcan bouillonnant. « Quand je mets mon kimono, c’est juste le mode guerrier en moi qui s’active. De l’agressivité, de la détermination, c’est comme un film, comme si j’avais un pouvoir quand je monte sur le tatami. C’est quelque chose que j’aime, c’est de la passion, de la rage ! Et j’ai un mental d’acier. »
Une force mentale que loue son entraîneur, Mamy Randriamasinoro. « Par rapport aux autres judokates africaines, elle est toute nouvelle, du coup, elle n’a aucune appréhension, elle n’a peur de personne. Le gros point fort de Laura, c’est la détermination. Laura sait s’entraîner seule. Laura sait ce qu’elle veut. Laura a de grandes ambitions. Et donc du coup, on y croit, elle peut aller loin. L’objectif principal, c’est d’être diplômé aux JO. Maintenant, avant d’arriver à ça, on s’est fixé une médaille pour les Championnats d’Afrique junior, monter sur le podium pour le Championnat d’Afrique senior, et ensuite, être sur le podium pour le Championnat du monde junior au mois d’octobre au Portugal. »
« Viser haut, de viser loin »
Le prochain gros combat de l’athlète, ce sera le 11 mai, au Qatar, pour les Championnats du monde senior. Une compétition que l’étudiante en 2ᵉ année de kinésithérapie, appréhende avec une décontraction déconcertante. « Junior, c’est entre 18 et 21 ans, ainsi, c’est ma vraie catégorie. Je combats en seniors plutôt pour la qualification aux JO. C’est un gros défi, mais en même temps, je n’ai pas trop de pression. J’ai juste hâte de voir où j’en suis et hâte de jouer dans la cour des grands et voir où je me place. De me repérer un peu. J’essaie vraiment de viser haut, de viser loin. Les projecteurs sont un peu braqués sur moi. Mais je suis prête à encaisser. Et à vivre ce que je dois vivre. » Et ce, même si les conditions de préparation sont loin d’être évidentes. « Ce qui nous manque, c’est tout en fait. »
Manque de sparringpartner pour les randori (les entraînements), manque de stages à l’étranger, manque de lieux d’entraînements à Tana, manque de financements. Laura est une athlète qui combat, pour l’instant, à armes inégales avec ses adversaires et ne se plaint jamais. Une leçon de bravoure et de ténacité.
« Je suis convaincu que dans un pays comme Mada, où la moitié de la population a moins de 19 ans, il existe des pépites et des « petits Laura » potentiels, dans plusieurs disciplines, et qui n’attendent qu’à être identifiés. Après malheureusement, le système ne le permet pas. Et c’est aussi le message qu’on essaie de faire passer à travers les exploits de Laura, c’est de pouvoir éveiller toutes les consciences possibles, de se tourner vers la jeunesse et que le sport est un formidable levier de développement pour le paie. »
Un pays qui vibre déjà pour sa nouvelle petite reine du judo, conquis par sa simplicité et son sourire désarmant.
Lecture:
États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Discours/Cérémonie d’ouverture.,Description.
La france en guerre, 1940-1945.,Présentation du livre.