« James Gandolfini voulait quitter “Les Soprano” tous les jours » publié par Le Point – Toute l’info en continu le
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Titre exacte donné par le journal était: « James Gandolfini voulait quitter “Les Soprano” tous les jours »
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Son rôle l’a littéralement dévoré. Au fil des saisons des Soprano, James Gandolfini a vécu dans la peau de ce chef de la mafia du New Jersey, massif et tourmenté, capable d’osciller en un battement de cils du père de famille distribuant de la chantilly au tueur de sang-froid. Par son interprétation magistrale, il a hissé Tony Soprano au rang des grands anti-héros de la culture américaine, l’un de ces astres noirs qui consument tout ce qui s’approche trop près. Lui-même n’en est pas sorti indemne.
Ce destin faustien, le coût intime d’avoir incarné pendant dix ans les pulsions les plus sombres de Tony, est au cœur de la biographie que lui consacre aujourd’hui le journaliste américain Jason Bailey, Gandolfini : Jim, Tony, and the Life of a Legend. Avec force détails, il raconte comment ce fils de la classe ouvrière du New Jersey, propulsé des seconds rôles au statut d’icône planétaire, a vécu sa célébrité comme une malédiction autant qu’un triomphe.
Dans une enquête fouillée, Bailey explore les zones d’ombre de l’acteur : fragilités, addictions, perfectionnisme maladif, tentations de fuite. Peu à peu, Tony Soprano vampirise l’homme derrière le personnage et laisse en suspens une question : que serait devenu James Gandolfini s’il n’était pas mort brutalement d’une crise cardiaque, le 19 juin 2013 à Rome, à l’âge de 51 ans, alors qu’il tentait de tourner la page des Soprano ?
Le Point : Dans l’introduction, vous expliquez que la famille de James Gandolfini a refusé de vous parler, que sa veuve a imposé des limites strictes, et que certains de ses proches vous ont accueilli avec méfiance. Comment écrit-on une biographie fidèle quand ceux qui l’ont le mieux connu choisissent le silence ?
Jason Bailey : Heureusement pour moi, tous ceux qui l’ont bien connu n’ont pas choisi le silence. J’ai dû gagner la confiance de ceux qui étaient prêts à parler, mais une fois que c’était fait, je les ai trouvés très ouverts, pleins d’histoires et de souvenirs, et vraiment utiles pour combler les zones grises de sa personnalité et de son parcours. Au final, il faut viser un équilibre entre qualité et quantité : il y a sans doute quelques personnes auxquelles j’aurais aimé avoir accès, mais j’ai tout de même pu parler avec plus de cinquante personnes, et je pense en avoir tiré un portrait assez complet de sa vie et de son travail.
Vous montrez que ses débuts ont été chaotiques, entre petits boulots et instabilité. À quel moment pensez-vous qu’il a commencé à croire qu’il pouvait vraiment devenir acteur ?
Je ne suis même pas sûr qu’il y ait jamais cru, à vrai dire peut-être pendant la diffusion des Sopranos. Mais avec son origine modeste et ses parents immigrés, l’idée même de faire carrière dans les arts lui semblait complètement absurde. Et même lorsqu’il était devenu l’un des acteurs les plus célèbres de la planète, il restait hanté par le syndrome de l’imposteur et le doute de soi.
Contrairement à beaucoup de séries où les acteurs tâtonnent avant de trouver leur personnage, Tony Soprano est là, pleinement formé, dès la première image.
Vous racontez que David Chase a longtemps hésité avant de lui confier le rôle de Tony. Qu’est-ce qui a finalement fait pencher la balance ? Et quelle était l’idée initiale de Tony Soprano, avant que Gandolfini ne s’en empare ?
Lorsque Chase a d’abord imaginé Les Soprano comme un film, il voyait Robert De Niro dans le rôle – ce qui est amusant, puisque De Niro a joué un personnage très proche dans Mafia Blues, tourné pendant la première saison de la série. C’est ce qui rendait le casting si délicat : quand, dans votre tête, vous voyez l’un des plus grands – et aussi l’un des plus reconnaissables – acteurs de notre époque, il est difficile d’imaginer quelqu’un d’autre.
Ce qui a fini par donner le rôle à Jim, c’est son talent : il a passé une audition, et le mélange unique de danger et de vulnérabilité qu’il avait peaufiné pendant près de dix ans dans des seconds rôles était exactement ce qu’il fallait.
Le Tony Soprano de Gandolfini semble construit autant par le corps (les silences, la respiration, les regards) que par le dialogue. À quel moment a-t-il atteint cette maîtrise presque physique du rôle ?
Je pense que c’est quelque chose qu’il a développé tout au long de la série. Certains outils sont déjà là dès le premier épisode – tout ce qu’il fait avec ses yeux, par exemple, est fascinant. D’autres éléments sont apparus au fil du temps : sa respiration lourde, par exemple, est devenue une signature à mesure qu’il prenait du poids au fil des saisons, mais il en a fait une arme, un outil pour souligner la force physique et psychologique de Tony.
Mais ce qu’il faut vraiment noter, c’est que, contrairement à beaucoup de séries où les acteurs tâtonnent avant de trouver leur personnage, Tony Soprano est là, pleinement formé, dès la première image. Bien sûr, il l’a affiné au fil des sept saisons, mais il avait déjà compris ce personnage dès le départ.
Votre livre regorge d’anecdotes sur la préparation méticuleuse de Gandolfini (fiches, immersion dans le personnage, murs couverts de photos), mais aussi sur ses fréquents retards et absences sur le plateau. Comment expliquez-vous ce paradoxe entre une éthique de travail obsessionnelle et cette forme de sabotage récurrent ?
Quand j’ai posé cette question à une membre de l’équipe, qui avait travaillé avec lui sur Les Soprano et sur quelques films, sa réponse a été simple : « C’était un addict. » C’est vraiment aussi simple que ça : il voulait faire de son mieux, et c’était un perfectionniste à bien des égards, mais cette impulsion se transformait souvent en nervosité et en angoisse, qu’il étouffait avec des drogues et de l’alcool, ce qui finissait par nuire à son travail. C’est un cercle vicieux. Plusieurs personnes se souviennent qu’il disait vouloir « quitter Les Soprano chaque jour », tant le rôle le dévorait.
Qu’est-ce qui le retenait ? Un sens du devoir envers l’équipe, ou la peur du vide ? Jim était un gars issu de la classe ouvrière, et un fervent défenseur des syndicats, ce qui explique en grande partie sa réticence à partir. Il n’avait plus besoin de ce travail ni de cet argent. Mais il avait parfaitement conscience du nombre de personnes qui vivaient grâce à cette série, et il les connaissait toutes personnellement (ce n’était pas le genre à rester à l’écart, enfermé dans sa loge sur le plateau), et il ne voulait pas les laisser tomber.
Au fil des saisons, a-t-il influencé l’évolution de son personnage ?
Je pense que dès lors qu’une série dure longtemps, et que les scénaristes apprennent à connaître les acteurs qui incarnent les rôles, leur vision de ces personnalités finit par influencer l’écriture. C’était clairement le cas ici, puisque la mélancolie profonde de Jim a tiré le personnage vers des zones plus sombres, plus tristes.
Mais il en voulait aussi aux scénaristes pour cela, les traitant de vautours ou de vampires, parce qu’ils intégraient des fragments de sa propre vie dans la série – notamment le fait que la séparation de Tony et Carmela coïncide presque exactement avec celle, très publique et acrimonieuse, entre Jim et sa première femme, Marcy.
Tourner cette série lui a permis, de manière assez ironique, de suivre une forme de thérapie à travers Tony.
Les Soprano est une série hantée par la mort, la culpabilité et le vide existentiel. Pensez-vous que Gandolfini y a mis quelque chose de personnel, ou bien que la série a révélé des choses qu’il n’aurait peut-être jamais exprimées autrement ?
Je ne pense pas que ce soit l’un ou l’autre. Il était sans aucun doute hanté par ses propres ténèbres, ses démons, comme les appelaient presque toutes les personnes que j’ai interrogées. Mais ce n’était pas quelqu’un qui, de lui-même, aurait exploré ces zones-là en profondeur. Tourner cette série lui a permis, de manière assez ironique, de suivre une forme de thérapie à travers Tony. Cela l’a aidé à mieux se comprendre lui-même, et à mieux cerner le genre de personne qu’il voulait être.
Vous décrivez la célébrité comme une sorte de malédiction qu’il a subie. Comment vivait-il le fait d’être réduit à Tony Soprano aux yeux du public ?
Il détestait être célèbre. Il avait le sentiment que ce n’était pas ce pour quoi il avait signé, ce qui peut souvent sembler être une excuse facile chez les célébrités, mais chez lui, ça tenait la route. Il ne courait ni après la célébrité, ni après les premiers rôles : il se voyait simplement comme un acteur de composition, un « character actor » qui faisait son métier, et il serait sans doute resté dans l’ombre si ce rôle ne l’avait pas trouvé.
Il faisait de son mieux pour rester poli avec les fans obsessionnels de Soprano qu’il croisait en public, mais il demandait souvent qu’on lui laisse de l’espace ; il voulait juste faire son travail et vivre sa vie, ce qui, en soi, n’est pas une demande si déraisonnable.
Vous évoquez aussi son travail sur des documentaires, notamment à propos des vétérans de la guerre en Irak. Peut-on dire qu’après avoir incarné la violence à travers Tony Soprano, il s’est tourné vers ceux qui l’avaient réellement subie ?
Je ne pense pas que le lien soit aussi direct ou, s’il l’était, c’était sans doute inconscient. Quand j’ai parlé à Tom Richardson, qui a travaillé sur ces documentaires avec lui et qui était un ami depuis la fac, il m’a expliqué que c’était surtout une envie d’utiliser sa plateforme (en l’occurrence, son contrat de production avec HBO) pour mettre en lumière des sujets qui lui tenaient à cœur.
Il avait rencontré des soldats et des vétérans pendant la diffusion de la série, à travers son engagement auprès de l’USO (United Service Organizations, une association qui fournit des services de loisirs et de soutien moral aux membres de l’armée américaine) et du Wounded Warriors Project, donc leur cause lui tenait particulièrement à cœur. Pour lui, c’était une évidence de s’en emparer.
David Chase a déclaré : « Il n’a pas eu une mort à l’écran, mais il en a eu une vraie. » Selon vous, la fin abrupte et énigmatique de Tony Soprano résonne-t-elle d’une manière particulière après la disparition soudaine de Gandolfini ?
Absolument. Le fondu au noir, soudain et inattendu, peut être ambigu, voire frustrant, dans une œuvre artistique. Dans la vie, c’est tragique.
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Le Kangourou du jour
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Jason Bailey, Gandolfini : Jim, Tony, and the Life of a Legend, Abrams Press, avril 2025, 352 pages, 20,84€
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