L’élection va se jouer dans un mouchoir de poche. La France insoumise, confiante, n’a jamais été aussi près de ravir une mairie. Mais pour cela, même si cela lui provoque des haut-le-cœur, elle va devoir s’allier avec le reste de la gauche. C’est l’enseignement du résultat au premier tour de la municipale partielle à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), où Louis Boyard (LFI) est arrivé en tête (24,89 %) ce dimanche 26 janvier.

Il distance ainsi d’une courte tête la candidate LR Kristell Niasme (22,70 %), suivie par Daniel Henry (PCF, PS et Verts, 20,70 %), puis du maire sortant Philippe Gaudin (DVD, 15,54 %) et la liste d’Éric Colson (UDI, 13,61 %). Le taux de participation a désespérément atteint les 33 %. Arrivé premier, Louis Boyard a récolté 1 046 voix sur 14 000 inscrits. « Boyard pensait être élu au premier tour, au final, il fait 25 % au lieu de 50 %… C’est une déconvenue », souffle un proche de la liste d’union à gauche.

Sortons les calculettes : toute mouillée, la gauche pèse donc 45 % face à 51 % à droite. Au second tour, les cinq candidats ayant dépassé les 10 % peuvent se maintenir, fusionner, ou encore se désister. À gauche comme à droite, une alliance semble inévitable.

Officiellement, LFI se félicite de sa première place. En coulisses, dès ce lundi matin, les Insoumis et l’autre liste de gauche (PCF, PS et EELV) ont entamé des pourparlers. Une réunion importante aura lieu ce soir à 18 heures. Les appareils nationaux ont repris la main sur ces négociations sensibles, tant l’enjeu est majeur pour LFI. Et les discussions promettent d’être animées.

Le candidat écologiste en frein à LFI ?

« Nous gardons la main tendue », avait déclaré le communiste Daniel Henry avant le premier tour. Est-ce réciproque ? Les deux formations de gauche s’égratignent mutuellement depuis plusieurs mois. Le 9 janvier, lors du lancement de sa campagne, Louis Boyard évoquait l’autre liste de gauche en ces termes : « Ces gens prétendent avoir des convictions de gauche, mais copinent avec le Printemps républicain, une association raciste et islamophobe (sic). Nous ne pouvons pas diriger aux côtés de ces gens-là. » Le candidat faisait référence à un élu qui n’est pas présent sur la liste de Daniel Henry, mais qui la soutient. « Face à la droite, on a toujours été clairs : on tend la main. Et on a bon espoir d’aboutir à un accord », espère-t-on dans l’entourage de Daniel Henry. 

À LIRE AUSSI La grande OPA de LFI sur les municipalesAutre frein à l’union à gauche, l’écologiste Birol Biyik, qui n’a pas toujours eu des mots tendres envers Louis Boyard. « Jeunesse villeneuvoise, ne laissez pas Boyard briser vos rêves » ou « Boyard est un illusionniste et ne construit rien », écrivait-il encore récemment sur sa page Facebook. Selon une source locale, il a refusé de participer à la fusion entre les deux listes.

Difficile aussi d’imaginer l’expérimenté communiste Daniel Henry, douze ans de mandat municipal au compteur, occuper un rôle mineur à la mairie en s’effaçant derrière Louis Boyard et ses 24 ans. « Il y a six mois, la gauche faisait 61 % aux législatives, et hier, elle a fait 46 %. On n’a fait que perdre du terrain. C’est invraisemblable de faire aussi peu après un mandat de droite catastrophique », analyse un membre de la liste d’union de la gauche. « Si on s’était alliés, on gagnait dès le premier tour. Mais les Insoumis ont préféré y aller seuls, persuadés qu’ils gagneraient tout de suite… » 

À Découvrir

Le Kangourou du jour

Répondre

Quant à la droite, qui s’est déchirée pendant quatre ans, elle devra elle aussi faire preuve d’unité. Des pourparlers ont eu lieu cette nuit, jusque très tard, et les discussions se poursuivent ce lundi. Selon nos informations, la droite devrait fusionner. En position de force, Kristell Niasme est l’ancienne première adjointe du maire sortant Philippe Gaudin. Elle avait quitté sa liste avec fracas au cours de son mandat.

Désormais, elle se réjouit d’être la première force de droite derrière laquelle les autres devront se rallier. « Indéniablement, la dynamique est de notre côté », plastronne Kristell Niasme. « Les Villeneuvois ne se sont pas trompés. » L’élue LR a reçu les soutiens de Bruno Retailleau et Valérie Pécresse. « La dynamique est à droite », concède un membre d’une liste de gauche, inquiet pour la suite. « Ce matin, c’était Niasme qui collait des affiches dans la ville. Pas Boyard… »